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Journal d'une adulescente
20 novembre 2015

en état de handicap émotionnel, tarif couple svp!

Suite aux évènements tragiques de vendredi 13, la semaine au travail a été très lourde à assumer face à beaucoup de bambins qui voulaient que je les aide à comprendre le pourquoi de cette barbarie. 

Dès lors, et durant plusieurs jours, je me suis sentie engourdie émotionnellement, totalement abasourdie. J'avais la sensation qu'un filtre géant m'empêchait de ressentir les émotions habituelles de tristesse, de peine, de colère suite au drame; mais aussi les émotions de joie et de paix de sentir mes enfants contre moi. 

J'ai ensuite réalisé que cette situation d'handicap émotionnel était à son apogée, mais pré-existait depuis bien longtemps et plus précisément depuis ces quelques semaines durant lesquelles j'écris, je me confie à d'autres... 

"Je crois que j'ai une ouverture!" (Jean-Claude, Les bronzés) 

Hier, le climat détendu de mon cher et tendre m'a permis de lancer la discussion avec lui sur mon état actuel. Le pauvre!

Les vannes se sont ouvertes pendant plus d'une heure durant laquelle j'ai craché mon mal-être suite à la fausse-couche, à mon besoin de vie trépidante, à ma peur de faire une connerie, à mon besoin de me confier à d'autres pour relativiser et éviter qu'il ne s'en prenne pas trop dans la gueule... Moi, moi, moi (je sais, quelle égoïste je fais!)

J'ai eu en face de moi une statue de marbre! Me réconfortant si besoin, m'écoutant, sans s'énerver... mais sans bouger non plus! Je lui ai donc présenté le nom de l'état dans lequel je pensais être (le fameux handicap émotionnel) et que j'avais la sensation de lui ressemblait de plus en plus à lui, mon mari (émotions relativisées et compartimentées et surtout pas extériorisées!). Réponse de l'intéressé:

"Quand les aveugles le sont de naissance, ils ne savent pas ce qu'ils ratent. Pour moi et les émotions, c'est pareil!"

Merci Belle Maman! Merci Beau Papa! Le jour où sa carapace pète, je vous le renvoie parce que je pourrais pas assumer, là! 

...

Restons égoïste; il ne s'est pas confié, n'avait pas l'air perturbé par toutes mes confessions; j'en ai profité pour bien dormir au moins, le coeur plus léger! Je traiterai son cas quand il le faudra parce que je n'aurai pas le choix. En attendant, il sait. Il a les clés... il n'y a plus qu'à trouver la serrure. Mais pour un aveugle, ça peut vite devenir compliqué!  

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